Une petite balade...

Athéna marchait dans la rue d'un pas vif et joyeux, empreint de ce bonheur presque naïf qui caractérise les créatures qui ne craignent rien. Elle marchait pour le plaisir de sentir les pavés défiler sous ses pieds, pour voir la multitude colorée des vies humaines...
Parce qu'elle s'ennuyait mortellement.

Pour une raison quelconque, aucun paria n'avait jugé bon de se manifester à ses oreilles - ce qui indiquait un bon sens général - et son quotidien s'était retrouvé étrangement calme. Bien sûr, elle avait durant la nuit arpenté la ville, elle avait parcouru depuis son arrivée le moindre des sentiers de la forêt, mais bien vite, elle s'était retrouvée étonnée de cette absence de meurtre à laquelle elle était si habituée. Non que cela ne la gêne d'ailleurs, mais comme elle n'avait d'autre choix que de rester dans la ville - du moins si elle désirait enfin attraper ce sal****d de Vampire - elle se retrouvait inhabituellement désoeuvrée.

Aussi, quand elle croisa - il serait plus juste de dire qu'elle heurta vu la foule qui les entourait - Aaron, au lieu de laisser cet étrange humain de côté comme elle l'aurait fait d'habitude, sa curiosité en attente d'une distraction lui sauta dessus...
Et la forme d'un couteau, un instant dévoilée par un battement du grand manteau, lui sauta aux yeux.
Bien sûr, vous pouvez penser que ça n'avait aucun intérêt. Vous pouvez penser que les possèsseurs d'un couteau sont nombreux dans cette ville de fou et pas forcément les plus méchants...
Sauf que ce couteau là, elle l'avait déjà vu, bien que la date et le lieu lui échappe. Et le porteur de l'arme n'était pas associé à un incapable ou un chasseur banal.

Comme nonchalament, elle fit demi-tour et suivit l'inconnu jusqu'à une ruelle moins fréquentée où elle l'arrêta par le bras, ses yeux à l'étrange teinte jaune-dorée détaillant le visage du jeune homme.

Je suis persuadée de vous avoir déjà vu... Qui êtes vous?

La voix était peut être un tout petit peu trop insistante pour que cela passe pour une question anodine.

J'en doute fort...

Elle n'avait pas peur de la lame qui avait jailli de sous le manteau de l'homme en noir. Elle doutait qu'il connaisse le moyen de la tuer, et encore moins que cette lame soit en argent pur - métal trop mou pour une arme efficace. En revanche, le scanner que lui avait fait subir ses yeux semblait rappeler à son souvenir des évènements lointains...
Mais pas tant que ça.

Sans le retenir, elle le laissa s'éloigner, réfléchissant. C'était... Il y a plus de deux ans. Dans une ville presque abandonnée. Elle se souvenait du goût de la cendre et de la couleur noire du ciel. Plusieurs personnes étaient venues ce jour là, la mêlée avait été indistincte.
Cette famille d'anges déchus avaient commis tant de morts que la foule des proches des victimes les avait engloutis, piétinés, réduits en miettes. Littéralement.

Elle voyait encore les regards haineux des endeuillés, le souffle avide des curieux venus chercher le soit disant trésor des parias, la colère ambiante qui résonnait en mille cris indistincts...
Et la forme d'un couteau qui s'enfonçait profondément dans la chair d'un des anges, d'un de leurs guerriers précisément. Happée par la fureur du combat, entourée par cet esprit unique qu'est la foule, elle n'avait pas prêté garde à l'incident. Du moins jusqu'à ce que l'on s'apperçoive des anges morts à l'intérieur de leur domaine. Quelqu'un s'était infiltré, avait prit ce qui l'intéressait, et était repartit.

Utilisant ce pouvoir aérien qui bourdonnait en elle, elle se propulsa par dessus les toits et atterit quelques pas plus loin, dans la ruelle où, une fraction de seconde plus tard, Aaron s'engouffra. Elle lui fit un sourire amusé, seule réaction à son étonnement, et reprit la parole.

J'imaginais pourtant que le massacre de Sahr-Adrin laissait des souvenirs... Tu te rappelle peut être de tout ces Anges? On a jamais su ce qu'ils cachaient en fait...

De un, je ne te connais pas et j'ignore comment tu peux savoir des choses sur moi. Ensuite ce massacre ne me dit rien. Faut dire aucun massacre ne me dit quoique ce soit.

Il n'avait même pas prit la peine de se souvenir, cela se lisait dans ses yeux. Mais cette constance à mentir agaçait son attention, et lorsqu'il repartit, alors qu'elle l'aurait laissé aller sans plus de question dans une autre situation, ses yeux dorés se plissèrent légèrement, son corps souple comme celui d'un chat se détendit tout d'un coup.

En une fraction de seconde, elle se retrouva dans son dos, ses mains se glissant comme deux longs serpents couleur de soleil le long de ses flanc...
Avant qu'il n'ai eut le temps de réagir, une de ses mains avait saisit l'arme qu'il lui destinait, l'immobilisant plus sûrement qu'une chaine d'acier, alors que l'autre caressait sa gorge dans une sensation qui aurait pu être sensuelle... S'il n'y avait pas dix longues griffes au bout de ses doigts. Collée à son dos, elle eut un sourire de loup, et approcha sa bouche de son oreille, murmurant d'une voix amusée quelques mots que les canines à peine rentrées de son sourire rendaient légèrement chuintant.

N'essaye pas de me tromper, c'est inutile. Je me souviens de toi.

Ses mains ne bougèrent pas d'un millimètre, mais une légère langue de fau vint courir sur ses doigts, reflet de la présence d'Akuma qui commençait à réagir. Il ne lui restait plus qu'à espérer qu'il lui offrirait des réponses sans plus tergiverser.